Ce que j'aime le moins dans le tourisme est de me prendre en photo les premiers jours de mon arrivée à destination. Mon visage sur les photos me paraît couvert d'une épaisse carapace, le regard figé, l'expression rigide et abasourdie. C'est comme si je suis encore à l'état du travail quotidien.
C'est sans surprise que des gens disent que la vie est un théâtre. Conscients ou non, on est poussés sur la scène et joue un rôle qu'il soit principal ou secondaire.
Certains sont comme poisson dans l'eau et s'éclatent, d'autres s'éprouvent et se fatiguent, pendant que les spectateurs divers et variés les regardent, observent et critiquent.
Parfois, les rôles sont inversés. Devenus spectateurs, nous observons la scène avec des larmes, des rires, de la colère, de la jalousie, ou de l'admiration ...
J'aspire également à la tranquillité et l'autonomie, en me rappelant :
Gloire ou humiliation, regarder calmement les fleurs s'ouvrir ou tomber devant la maison;
Partir ou rester, accompagner lentement du regard les nuages s'accumuler ou se déployer.
Mais face à la réalité, je peux me sentir perdue, d'être saisie d'une tristesse soudaine.
Mais pendant un voyage, En observant des sculptures exagérées ou de toute finesse, en étant absorbée par des tableaux de toute beauté, je cherche dans ma mémoire les différentes histoires et légendes ... Le temps me paraît alors figé.
Puis, je découvre que le moi sur les photos présente un regard lumineux et un visage avec le contour et les lignes assouplis.
Le vrai moi n'existe que dans le voyage.
Je n'ai plus besoin d'être constamment sur mes gardes et de surveiller ma parole;
Ni de sourire contre mon gré;
Ni de me poudrer par d'épaisses couches et de m'habiller élégamment afin de me cacher derrière une carapace pour être bien vue.
Le temps d'un voyage, je mets des chaussures usées et peux marcher dans des flaques d'eau sans sourciller, sans oublier un petit sac fonctionnel et contre le vol, et un manteau contre le vent et la pluie ...
Je dors sans mettre le réveil, je mange quand la faim vient , et je me repose si la fatigue me gagne.