Un article de blog dénonce des pratiques racistes d'une boutique de Balenciaga contre les chinois a suscité un grand intérêt sur les réseaux sociaux chinois, plus de 100 000 suivis en une seule nuit.
L'origine du problème vient de la vente des chaussures d'une valeur de 6000 yuans environ. Des acheteurs intermédiaires s'acharnent pour s'en procurer, malgré la longue file d'attente.
D'après l'article, des clients d'une autre nationalité se sont faufilés dans la file d'attente et cela a provoqué des altercations. La boutique de Balenciaga a décidé de vendre les chaussures à ces clients là, qui sont, toujours selon l'article, des arabes. L'incident a fait venir le manager, qui ne s'est pas du tout positionné.
Immédiatement, l'appel à boycotter Balenciaga se fait de plus en plus fort contre le racisme et l'atteinte à la dignité des chinois en Europe.
Des articles sur "le sentiment national" et "le racisme contre les chinois" touchent à un point fort sensible des chinois
Une réflexion rationnelle peine à se frayer un chemin devant l'émotionnel
Ce type d'évènement me fait penser à la Révolution française.
L'émotion de la foule a fait démonter pierre par pierre la Bastille, qui, cette prison royale et un symbole de la monarchie, n'enfermait que 7 prisonniers.
Je pense aussi à des chanteurs en Chine : pour devenir connu, un chanteur théâtralise sa biographie, de l'abandon dès l'enfance par ses parents jusqu'à son divorce et sa vie monoparentale difficile avec un enfant. Comment il a su préserver malgré ces aléas sa belle voix. Le récit s'accompagne des scènes, filmées par de nombreuses caméras, où des spectateurs sont en larmes.
Je n'aime pas ce genre de spectacle. Pourquoi faut-il provoquer des larmes par des moyens détournés et dévoiler son intimité ?
Un bon chanteur vit de ses talents d'artiste et de sa voix. Il n'a nul besoin de "vendre" une biographie pathétique
Ceux qui me connaissent me trouvent très subjective. A cause de cela, il y a toujours une voix à l'intérieur de moi qui me rappelle de bien réfléchir et observer avant tout acte.
La parole d'autrui reflète souvent la propre expérience de la personne. Devant un objet, chacun a son point de vue et son interprétation.
Revenons sur l'affaire de Balenciaga
Jusqu'à maintenant, on n'a que les paroles de l'un des deux antagonistes. De même, les médias français ne révèlent que les mêmes propos.
A part les informations fournies par une partie concernée, aucun autre témoignage ou contradiction n'est apparue.
Les médias français évoquent :
- Des chinois ont écrit qu'ils ont subi des traitements injustes dans la boutique de Balenciaga ;
- Selon cet article, la scène a eu lieu dans la boutique de Balenciaga du Printemps Paris ;
- D'après cette personne chinoise, une altercation s'est produite après qu'elle a été dépassée dans la file d'attente.
Mais qui est l'autre partie de l'altercation avec les chinois ? S'agit-il vraiment des arabes comme l'indique l'article ? Aucun média français n'en fait mention.
Pourquoi les média français n'évoquent-ils pas la nationalité ?
Premièrement, les médias français doivent vérifier la véracité d'une information avant de la diffuser et ils ne suivent pas aveuglément un article de blog.
Deuxièmement, les médias français sont très prudents quant à l'emploi du terme arabe.
Souvenez-vous encore d'un évènement il y a deux ans ?
Les policiers interpellaient un jeune d'origine maghrébine et ils sont accusés par le jeune homme de l'avoir violé avec la matraque. S'ensuivaient des protestations de la communauté musulmane et le Président Hollande se déplaçait personnellement à l'hôpital pour rendre visite au jeune homme.
Souvenez-vous d'un autre évènement il y a un an ?
Un chinois s'est fait tuer chez lui au pistolet par un policier. Des chinois ont organisé des manifestations. Les autorités françaises ont promis de faire toute la lumière sur cette affaire. Aujourd'hui, plus aucune nouvelle n'est révélée.
Un homme, un an après sa mort, tombe dans l'oubli.
Le jeune homme maghrébin blessé, deux ans après, fait encore parler de lui sur des médias.
Les chinois ont de l'argent aujourd'hui
Il suffit de jeter un coup d'oeil aux boutiques de luxe à Paris. Y en a-t-il encore une qui n'emploie pas de vendeur parlant chinois ?
Pourquoi encore des traitements injustes envers les chinois en Europe ?
L'argent et le respect, l'argent et la puissance
Les pays maghrébins ne sont pas riches. Pourquoi le jeune homme maghrébin pouvait-il faire venir à son chevet à l'hôpital le Président de la République ?
Les chinois sont riches. Pourquoi la mort d'un homme suscite-t-elle si peu d'intérêt ?
Avons-nous vraiment subi des traitements injustes ou ne s'agit-il que des différences culturelles ?
Tout au début de ma vie en France, j'ai travaillé quelque mois pour une boutique d'Oméga. Le chef de boutique m'a dit : quand vous servez un client et si un autre client demande de voir une montre, souvenez-vous bien, il faut demander à celui-ci de patienter pour respecter le premier client.
Les clients chinois n'ont pas ce genre de préoccupation. Pour une montre d'un tel prix, pourquoi ne pas me la montrer tout de suite, d'autant que cela ne fait perdre le temps à personne ? Pourquoi donc me faire patienter ?
Cette différence culturelle peut être une raison qui provoque un ressenti de traitement injuste en Europe.
Une autre raison de ce ressenti est que la confiance de soi est fondée sur l'argent
Par conséquent, nous pensons que les riches doivent être respectés et traités avec considération.
Nous pensons bizarrement que la confiance de soi est naturellement liée à la puissance du pays
Le point d'équilibre est difficile à trouver. Quand la Chine était pauvre, il était normal que vous m'ignoriez. Maintenant la Chine est riche, pourquoi encore cette indifférence à notre égard ?
Parce qu'en Chine, cette logique existe bel et bien. L'argent équivaut au respect.
Face à un objet ou au propos d'une personne, les chinois s'intéressent avant tout à la valeur de l'objet ou à la position sociale de la personne.
Ainsi, la parole d'un chef, quelque soit sa valeur, bénéficie certainement d'un applaudissement général.
Dans notre cercle professionnel, la parole d'une personne de second plan incite peu d'intérêts malgré sa persévérance à s'exprimer librement sans se préoccuper si elle parle à un patron ou pas.
Une fois, j'évoquais à des collègues ce phénomène.
- Ne trouvez-vous pas qu'elle est libre de sa parole et ne suit pas l'opinion générale ?
Tout le monde se moquait de moi :
- Tu insultes quelqu'un sans le nommer.
J'étais dépitée. Sans argent ni pouvoir, il est si difficile de vivre parmi les chinois seulement avec une indépendance de penser. Pourtant nous sommes tous de la profession libérale.
Qu'est-ce que c'est la confiance de soi ?
Elle vient du fond de soi-même. On croit en soi-même.
Par exemple, on fait confiance à son état de santé qui permet à vivre et à travailler, à sa capacité d'observation et d'expression.
La confiance de soi ne se rapporte pas à la naissance, la famille, les amis ou le pays.
Ni à l'apparence vestimentaire de chacun
Encore moins aux opinions d'autrui sur soi
Ne faites pas une chose que vous n'aimez pas.
N'achetez pas un objet que vous n'appréciez pas.
Ne fréquentez pas une personne que vous n'estimez pas.
La vraie confiance de soi vient de l'estime de soi
Si nous sommes vraiment préoccupés par l'affaire de Balenciaga, faudra-t-il réfléchir à la multiplicité des sources d'informations et à la véracité des informations ?
Il faudra mettre dans notre réflexion la fiscalité de chaque pays ainsi que les pratiques des entreprises à cet égard.
Un tel processus engage la vraie responsabilité de chacun dans ses actes. C'est aussi un bon début pour construire la vraie confiance de soi et faire respecter sa dignité.