Après avoir lu un article sur les avantages et inconvénients après avoir quitté le salariat pour devenir son propre patron.
Ceci amène à ma propre situation depuis que j'exerce la profession libérale et à me poser la même question.
Je constate avec amusement que le premier grand changement pour moi est que je deviens imperméable.
A l'enfance J'étais peureuse et craintive. A l'école primaire, j'étais incapable de riposter à des maltraitances infligées par des garçons même si mes parents sont de bons amis du recteur et de l'instituteur responsable de la classe, ni d'avoir le courage de rapporter à mes parents ce qui s'est passé.
Une fois, sans me souvenir de la cause, un garçon a donné un coup de pied à ma poitrine et je suis tombée par terre. Je rentrais à la maison en me cachant les yeux rougis des larmes et essayais de me glisser inaperçue dans ma chambre. Pas de chance, ma mère se trouvait devant moi. Elle me demandait d'où venait l'empreinte de chaussure sur ma chemise toute blanche. Je ne résistais plus et mes larmes s'écoulaient sans retenue.
Ma mère s'était renseignée. Pas de chance pour le garçon, son père était sous responsabilité de mon père au travail. Après un coup de fil, la mère amenait le petit garçon chez moi pour demander pardon.
Elle faisait venir le garçon devant moi, lui demandait de présenter ses excuses, lui disait que j'étais plus jeune et qu'il devait me protéger comme sa petite soeur. Enfin elle m'autorisait de donner une frappe à son fils comme une compensation.
J'avais le sentiment d'avoir commis une erreur moi-même. J'ai couru à ma petite chambre et fermé avec force la porte de l'intérieur.
Ma mère ne comprend toujours pas pourquoi une mère aussi courageuse qu'elle devant les hommes a pu donner naissance à une fille aussi peureuse et faible de caractère que moi.
Plus tard au travail, aucune promotion ou augmentation de salaire ne venait de ma propre volonté.
Sauf une fois où je voulais demander une hausse de salaire. Au bout de deux semaines de réflexion, et après avoir demandé discrètement conseil au responsable financier sur d'éventuelles pressions sur le directeur général et sur l'opportunité de ma demande, j'ai écrit avec beaucoup de courage au directeur général. Mais la vraie question était tellement noyée dans des phrases qui ne voulaient rien dire que si cette lettre était entre les mains de mon professeur du chinois, il aurait donné une note sans appel : incompréhension totale du sujet.
A vrai dire, tout mon chemin parcouru n'a été que du hasard.
Tout au début de ma carrière de guide, j'étais tout étonnée de voir que les collègues se parlent très ouvertement de l'argent dû et à rendre, jusqu'au centime près.
A chaque occasion, l'un de mes collaborateurs me conseillait d'oublier la pudeur et d'être responsable de moi-même et de ma carrière.
Après ces quelques années, ma face devient "imperméable". Justement, après l'ouverture de mon compte officiel, j'en parle à tout le monde en espérant sa visibilité ...
Travailler à son compte me fait apprécier chaque résultat obtenu, parce que chaque détail est le fruit de mes efforts.
Travailler à son compte fait oublier l'apparence face aux collègues pour se concentrer sur un avenir radieux.
Bien-sûr, il est inutile de dire que la profession libérale donne la liberté morale et d'esprit. Mais l'esprit de liberté n'est pas acquis à tout le monde. Il requiert la persévérance, celle de poursuivre son choix. Aucun chemin ne débouche sur une impasse, au pire un tournant vers une nouvelle direction. Comment faire face au regard d'autrui, qui te positionne sur une échelle sociale et matérielle ?
Mais quelle importance ce regard d'autrui ? La plus importante reste la plénitude de l'esprit ?
On dit : chacun se place sur sa plateforme. Qu'importent ses dimensions et sa nature. Soyons contents d'être là !
